39,00 

trilingue (français, espagnol, anglais)
280 pages, 310 images
(dessins, peintures, photogrammes)
+ 1 DVD avec 4 films de l’artiste
format : 26×20,5 cm
couverture souple

coédition L’Arachnéen / Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia

avec le soutien du Centre national des arts plastiques,
des galeries Peter Freeman, Inc. et Michel Rein (Bruxelles),
et du Musée des arts contemporains de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

ISBN : 978-2-3736700-4-2
date de parution : 17 novembre 2016

Anne-Marie Schneider


avec un texte de Jean-François Chevrier

Description

 

Ce livre est la première monographie consacrée à Anne-Marie Schneider. Ses premiers dessins datent de la fin des années 1980. Avec le temps, et une exigence accordée à la connaissance – historique et technique – de l’art qui est la sienne, elle aborde la peinture et le cinéma (expérimental), sans jamais abandonner le vocabulaire primordial du trait. L’œuvre est assez forte pour tenir toute seule, comme en témoigne le défilé continu (et chronologique) de 230 dessins, tableaux et photogrammes. Artiste aiguë, spirituelle, parfois visionnaire, elle livre ainsi des images dont la source d’inspiration se partage entre une intimité sans complaisance, anatomique (le rendu du « schéma corporel ») plus que psychologique, et l’appel de l’« extérieur » sous la forme de références à l’actualité ou, de manière moins explicite, à la littérature. Le goût du jeu et de la fable, l’ironie et la perception vive du moindre événement la prédisposent à des juxtapositions improbables dont les quatre films (édités dans le DVD qui accompagne le livre) rendent compte par le montage et la création de toutes pièces de la bande son (Anne-Marie Schneider est violoniste de formation). La séquence d’images est suivie d’un texte de Jean-François Chevrier qui déchiffre sans l’interpréter une œuvre secrète, complexe, virtuose sans en avoir l’air, en mettant l’accent sur ses références à l’histoire de l’art, à la littérature ou à la psychanalyse, et en faisant entendre les multiples voix qui la hantent, sa forme polyphonique.

Anne-Marie Schneider, le livre, accompagne une rétrospective de l’artiste au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía, du 15 novembre 2017 au 20 mars 2017.

L’enjeu de cette monographie (qui reproduit plus de 230 images et inclut un DVD avec quatre films) est de saluer le parcours d’une artiste et de rendre sensible l’élaboration rigoureuse qui l’a conduite à passer du dessin à la peinture, de la ligne à l’aplat, du noir à la couleur, du support de la feuille à celui du film, sans toutefois jamais abandonner le dessin ; le dessin, ou, pour mieux dire, le trait, geste dont il lui arrive de parler comme d’une « écriture ».

Pendant les années 1990, en effet, Anne-Marie Schneider dessine exclusivement : sur des feuilles d’un format toujours identique, 36 x 31,5cm ; au crayon, au fusain, ou à l’encre de Chine. La force de ces dessins, qui leur vient de la tension entre l’économie du trait et la complexité du niveau de perception de la réalité, lui vaut une attention internationale immédiate. Elle expose à la Documenta X (1997) une série de dessins inspirés par l’expulsion de trois cents étrangers de l’église Saint-Bernard à Paris ; ces « choses vues » (dans la réalité et dans les médias) associent la description documentaire et l’expression d’une violence physique rendue par la capacité de l’artiste à intérioriser ce que les psychiatres appellent le « schéma corporel ».

Cette capacité lui permet de produire, dans un autre registre, celui de l’intimité, et parfois en quelques traits, l’image vécue d’un corps vivant, en mouvement, et spatialisé. Ce type de dessin scande l’ensemble de son œuvre. Aucun pathos n’accompagne ce fascinant exercice qu’est la restitution du dynamisme d’un corps (avec os, muscles, tendons, articulations, non représentés). Du moins jusque dans les années 2010, le burlesque – cette « mécanique du vivant » – cohabite avec le versant sombre de l’imagination. Anne-Marie Schneider est une artiste spirituelle, elle a de l’humour et le goût du jeu. Jeux de situations, jeux d’associations, jeux de langage. « Le roi prend la reine » dit-elle à propos d’un jeu de cartes qui fait sortir le roi de son cadre pour toucher le sein de la reine. La différence sexuelle n’est pas thématisée, elle est là, sous la forme de scènes érotiques suggestives, de phallus en majesté, de seins-globes, de femmes enceintes et d’embryons dans les limbes.

À partir de 1999, la peinture apparaît sous la forme d’aplats monochromes, à la gouache ou à l’aquarelle – sans doute dérivés des zones homogènes de fusain noir. Ces aplats sont légers, translucides, tantôt striés de lignes noires (peut-être pour assurer la permanence du trait), tantôt enveloppants comme une mandorle dont le contour continue d’être souligné à l’encre de Chine. Au début des années 2000, elle adopte de plus grands formats (50x37cm) ; dès 2002/2003 apparaissent les premiers tableaux dans lesquels la peinture prend en charge non plus seulement l’aplat de couleur mais le dessin lui-même. Jusque-là le motif (une icône russe, un citron, un visage) était resté centré, entouré du blanc du papier.

Elle utilise pour la première fois la toile et l’huile en 2008/2009, pour l’extraordinaire ensemble inspiré par La Belle et la Bête. De légère qu’elle était, la peinture devient épaisse, mouvementée, couvrante, elle envahit l’ensemble de la surface. Les figures sont grotesques ; l’artiste prend délibérément le risque du kitsch et propose une version criante et criarde, populaire, polychrome, du conte élégamment illustré en noir et blanc par Cocteau. De 2010 à 2015, elle cherche d’autres solutions picturales. La rue revient, sous la forme d’épisodes d’actualité (CRS, réfugiés, cartons, valises) vécus et rêvés par des personnages énigmatiques au sexe indéfini. Puis des couleurs précises apparaissent : un certain bleu par exemple, vif, qui lui inspire une série d’œuvres-montages dont le plus accompli est sans doute La Mer bleue (un ensemble de gouaches formant un espace réminiscent et cosmique, distribuées autour d’un corps mort allongé) ; ou un noir opaque qui donne lieu à une série de variations sur L’Atalante de Jean Vigo, sur fond d’hommage à René Daniëls.

Le montage est inscrit dans le dessin dès le départ sous la forme du mouvement (qui agite intérieurement la figure) et du récit ; très vite Anne-Marie Schneider se donne la possibilité de multiplier les images, de les développer en séquences. Dès 1997, on l’a dit, elle décline en plusieurs dessins le thème des sans-papiers expulsés de l’église Saint-Bernard. En 2005 elle exécute Vertige d’amour, un mur de 69 dessins érotiques au fusain. Après La Belle et la bête (2009), elle produit des diptyques, des triptyques, des frises, des polyptiques (La Mer bleue), des variations sur le thème du visage-masque ou des jeux d’enfants. L’Alice de Lewis Carroll devrait être le thème d’un prochain ensemble.

La monographie reproduit amplement les œuvres (une par page sauf dans le cas des montages), et aménage des ruptures, des changements de rythme et d’échelle indispensables, en jouant de ces séquences et séries. En ce sens l’ouvrage n’est pas une monographie classique mais un épais cahier d’images, un recueil d’œuvres que leur force visuelle et leur diversité font tenir « toutes seules ». Il s’agit d’un livre pensé, sensible, vif, un objet qui se distingue par le travail sur les articulations de l’œuvre dans le temps, par une mise en page sans effets qui rend visibles les rapports des œuvres entre elles, par une qualité de reproduction qui matérialise en particulier la virtuosité et la subtilité de l’exécution du dessin qui, au travers de la peinture, demeure.

Anne-Marie Schneider est l’auteur de quatre films courts qui s’apparentent au genre « expérimental ». Réalisés en super 8mm (et montés en vidéo) entre 2000 et 2007, ils associent deux registres : celui de la prise de vues de scènes saisies dans la réalité quotidienne et de séquences d’animation mises en œuvre avec ses propres dessins. Tous ont en commun un remarquable travail de montage qui juxtapose des scènes et des temps d’animation à la manière d’associations libres, un sens du burlesque chaplinesque et une invention sonore (bruits, paroles et musique) qui complète et confirme la matérialité – et le lyrisme – de son univers graphique, ainsi que son talent de musicienne. Un DVD des 4 films est inséré à la fin de l’ouvrage.

L’ouvrage est accompagné d’un texte de Jean-François Chevrier, qui a suivi pas à pas, de visite d’atelier en expositions, l’ensemble du parcours de l’artiste depuis 1989. Son enseignement à l’école des beaux-arts de Paris fut un point de repère important, où elle a pu notamment voir et entendre parler d’artistes avec lesquels elle entretient de fortes affinités (Henri Matisse, Philippe Guston, Louise Bourgeois, René Daniëls, Sylvia Bächli, pour n’en citer que quelques-uns). Son essai explicite à la fois l’œuvre et les partis pris éditoriaux du livre. Sa connaissance intime de l’ensemble de la production de l’artiste, des références explicites ou chiffrées qu’elle mobilise dans ses images – dans le domaine de l’art ou de la littérature –, son attention particulière à la psychanalyse et aux mécanismes psychiques investis dans des compositions cryptées (rappelons qu’il est l’auteur, à L’Arachnéen, d’un ouvrage intitulé L’Hallucination artistique), font d’un tel texte un outil indispensable d’appréciation, de contextualisation et de déchiffrement de l’œuvre de cette artiste.

auteurs

 

Anne-Marie Schneider

La première exposition d’Anne-Marie Schneider remonte à 1990 ; elle venait d’obtenir son diplôme de l’École nationale des beaux-arts de Paris. Depuis, elle n’a cessé d’exposer : principalement en France, en Belgique, aux Pays-Bas, mais également en Allemagne et aux États-Unis, et plus ponctuellement en Grande-Bretagne, en Espagne, à Taiwan…

Mentionnons quelques étapes significatives de son parcours : dès 1995, elle figure dans une exposition collective au Drawing Center de New York. En 1997, elle participe à la Documenta X avec un ensemble important de dessins ; la même année, le FRAC Picardie lui consacre une première exposition personnelle. Suivront celles du Musée d’art moderne de la ville de Paris, et celle du Musée Het Domein, à Sittard, aux Pays-Bas, respectivement en 2003 et 2007. En 2009, elle est représentée dans l’accrochage de l’exposition elles@centrepompidou : artistes femmes dans les collections du Centre Pompidou. En 2010 elle est nominée au Prix Marcel Duchamp. En 2013 et 2015, le polyptyque de La Mer bleue est présenté dans les deux versions de l’exposition Formes Biographiques organisée par Jean-François Chevrier au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía puis au Carré d’art à Nîmes. De novembre 2016 à mars 2017, le Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía lui consacre une importance rétrospective.

Pour une biographie et une bibliographie détaillée, télécharger ici.

 

Jean-François Chevrier

Jean-François Chevrier est professeur d’histoire de l’art contemporain à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris depuis 1988. Fondateur et rédacteur en chef de la revue Photographies (1982-1985), il fut conseiller général de la Documenta X (1997) et commissaire de nombreuses expositions internationales, accompagnées de catalogues, notamment: Une autre objectivité (1988-1989), Photo-Kunst (1989-1990), Walker Evans et Dan Graham (1992-1994), Des territoires (Paris, 2001), L’Action restreinte. L’art moderne selon Mallarmé (2004-2005), Formas Biograficas/ Formes Biographiques (2014-2015) ; Agir, contempler (2016).

Il est l’auteur de très nombreux articles et parmi ses ouvrages principaux, on peut noter (sélection) : Proust et la photographie, Paris, L’Étoile, 1982 ; rééd. Proust et la photographie. La résurrection de Venise, Paris, L’Arachnéen, 2009 ; Portrait de Jurgis Baltrusaitis, Paris, Flammarion, 1989 ; Patrick Faigenbaum, Paris, Hazan, 2000 ; Jeff Wall. Essais et entretiens, 1984-2001 (éd.), Paris, Ensba, 2001 ; Öyvind Fahlström, Another Space For Painting, cat., Barcelone, Museu d’Art Contemporani, 2001 ; Paysages territoires. L’Île-de-France comme métaphore, Marseille, Parenthèses, 2002 ; Jeff Wall, Paris, Hazan, 2006. Entre 2010 et 2015, il publie une série de sept livre à L’Arachnéen : La Trame et le Hasard ; Walker Evans dans le temps et dans l’histoire ; Entre les beaux-arts et les médias: photographie et art moderne ; Les Relations du corps ; Des territoires L’Hallucination artistique. De William Blake à Sigmar Polke ; Œuvre et activité. La question de l’art.

extraits

 

extraits

Ce PDF comprend quelques pages du montage des dessins et peintures d’Anne-Marie Schneider, ainsi que le début du texte de Jean-François Chevrier dans les trois langues, français, espagnol et anglais.

expositions

 

Rétrospective au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia (Madrid)
16 novembre 2016 – 20 mars 2017
Site du musée

I am here à la galerie Michel Rein Brussels
12 janvier – 25 février 2017
Site de la galerie

Rétrospective au Musée des Arts contemporains de la Fédération Wallonie-Bruxelles
30 septembre 2017 – 7 janvier 2018

presse

 

Roxani-Anastasia Kampasele, « Anne-Marie Schneider », Critique d’art [en ligne], mai 2017. Lire

Corinne Rondeau, dans l’émission La Dispute d’Arnaud Laporte sur France Culture, le 21/12/2016. Réécouter l’émission

Christophe Domino, « Déprise et décentrement », Journal des arts, 9/12/2016. Lire

Pedro del Corral, « Los diarios de Anne-Marie Schneider », El mundo, 15/11/2016. Lire

Ángeles García, « Las inquietantes fábulas de Anne-Marie Schneider », El país, 15/11/2016. Lire

« La línea de Anne-Marie Schneider », hoyesarte.com, 15/11/2016. Lire

« Anne-Marie Schneider, agitación entre líneas », masdearte.com, 16/11/2016. Lire

Livres associés à l’auteur :